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Croatie Aout 2006

1 octobre 2006

(Inspiré de faits réels) :)

Mieux vaut partir avec l’espoir que revenir. (Proverbe Japonais) Ce que je kiffe dans les voyages, c’est l’improvisation. Partir sur un coup de tête, sans (trop) réfléchir. Partir sans savoir où on va dormir, ce qu’on va manger, ce qu’on va faire, les personnes qu’on va rencontrer … Cette fois encore, j’ai été servi ! Avec mon pote R., on s’était fixé des congés, sans trop savoir ce qu’on allait en faire. On avait émis les hypothèses suivantes : Espagne, Portugal, Suède, Grèce … Bref, n’importe nawak ! Avec toutefois un seul mot d’ordre : la "pince attitude", c’est-à-dire un minimum de dépenses. Mais comme quelques jours avant deux de mes potes, H. et Y., avaient passé un week-end à Prague, et qu’ils nous l’ont vivement conseillé, alors on est parti en direction de la République Tchèque. France Départ prévu : Mardi 15 Août après-midi. Départ effectif d’Issy-les-Moulineaux le Mercredi 16 Aout 2006 vers 22h30. Trente heures de retard ! On prend le périphérique sous une pluie torrentielle. Mais l’ambiance est bonne. On est contents de partir. R. se met à nous comparer à Fathi et Médi, les deux vainqueurs de Pékin Express, une émission diffusée quelques mois plus tôt sur M6, dans laquelle les candidats devaient se livrer à une course de Paris à Pékin en plusieurs étapes, sans moyen de locomotion, et avec 1€ par jour ! On commence déjà à se taper des barres de rire. A tel point que déjà on rate la sortie A4 à la Porte de Bercy. Ça commençait bien ! Heureusement que le GPS était là pour nous remettre sur le droit chemin (je ne sais pas comment on faisait avant !). On roule, on roule…  Allemagne Vers les coups de quatre heures du matin, après avoir traversé la frontière allemande, on fait une pause pipi à la première aire de repos qu’on trouve. A l’entrée des toilettes, un "Monsieur pipi" attendait là, digne représentant de l’Allemagne profonde avec ses moustaches drues et sa dégaine ronchonne, l’air de dire « Je dormais pas, je dormais pas ! ». Moi j’étais tellement claqué que je ne l’ai pas calculé. Et puis il fallait respecter la ligne directrice de notre voyage : la "pince attitude". Quand on est sortis, Monsieur pipi à déblatéré des mots ou des syllabes ou des onomatopées (je ne sais pas) en allemand. Alors moi, par politesse, je lui réponds : « Ja wohl ! » (prononcez : "Yavol"). J’ai su plus tard que ça voulait dire « Oui, probablement ». On se rejoint à la voiture, prêts à repartir. Et là on s’est retrouvé dans ce genre de situation que tout le monde connait, et qui repose sur le fait qu’on aimerait bien tous les deux se taper un petit somme, mais où aucun ne veut le proposer à l’autre sous peine d’être pris pour une faible nature. Alors on tergiverse. - Tu veux une clope ? - Ouai, merci… On la fume tranquilles, avant de repartir ? - Ouai, tranquilles, on est en vacances… … - Tu dors ou quoi ? - Hein ? Non, non, je me repose les yeux. - Ah, ok. Moi aussi. Quatre heures plus tard, on se fait réveiller par une foule de touristes allemands septuagénaires, qui nous regardaient avec des yeux remplis de crainte et d’indignation, même si certains semblaient nous esquisser un sourire bienveillant. C’est là que j’ai découvert que même en Allemagne, il y a des cars de touristes allemands en shorts. Décidément ils sont partout !  Jeudi matin. On roule, on roule, jusqu’à ce qu’on remarque une main sortir de la vitre avant-droite d’une grosse Mercedes noire aux vitres teintées qui roulait devant nous. La main, au bout de laquelle était tendue un petit panneau manuel rouge et rond, nous faisait signe de la suivre, ou quelque chose comme ça. - C’est pour nous ? - Non, c’est pour le camion devant. - Je crois que c’est pour nous. Méfiants, on ne s’arrête pas. Une grosse Mercedes Noire aux vitres teintées, ça sentait la mafia ! Mais quand le gyrophare bleu s’est mis à clignoter, on s’est dit qu’il valait mieux les suivre. Alors on les suit jusqu’à la prochaine aire de repos. Là, on découvre un QG digne d’un bataillon de GI en Irak ! Une quinzaine de véhicules, dont plusieurs camions et camionnettes, équipés d’ordinateurs et de paraboles, une trentaine d’agents de police en civil et en uniformes. La rigueur allemande dans toute sa splendeur ! Cinq ou six véhicules étaient en train de se faire contrôler simultanément. Ici le camping-car d’une famille nombreuse tout ce qu’il y a de plus banale ; là deux jeunes espagnols et leur voiture sport ; là-bas un jeune couple et leur enfant qui pique-niquaient sur un banc en attendant, etc. C’était une brigade des stups. Très courtois, très pros, ils contrôlent nos papiers, fouillent chaque parcelle de la Clio, ouvrent le capot, prennent des photos, nous posent quelques questions… Ils prennent nos bagages et les font passer à travers une camionnette qui contenait un appareil de contrôle radioscopique semblable à ceux des aéroports. Trop forts ces allemands. Il est bien loin le commissaire Derrick ! On était cleans, on était en règle, alors je me suis permis de plaisanter pendant qu’ils procédaient à la fouille complète de nos affaires : NOUS : - Can we smoke a cigaret ? LE FLIC : - Yes, no problem. MOI : - And drugs, ha ha ? LE FLIC : - It’s not a good idea. (Traduction : NOUS : - Pouvons-nous fumer une cigarette en attendant ? LE FLIC : - Oui, bien sûr. MOI : - Et de la drogue, ha ha ? LE FLIC : - Je ne vous le conseille pas.) À ce moment-là, une autre équipe était occupée avec les deux espagnols, chez qui ils avaient trouvé un petit morceau de cannabis enroulé dans du plastique. Quand j’ai aperçu un des espagnols baisser son pantalon devant tout le monde, je me suis dit qu’il voulait se soulager, mais qu’il aurait quand même pu aller aux toilettes qui étaient situées à 30m ! Mais quand j’ai vu qu’il était accompagné de près par un agent de police, j’ai compris qu’il s’agissait en fait d’une fouille … comment dire … un peu plus approfondie ! Et là je me suis dit qu’ils ne déconnaient pas les flics allemands, alors j’ai ajouté à l’attention de l’agent qui s’occupait de nous, avec un sourire crispé : MOI : - I’m joking, of course ! LE FLIC : - Mmmhhhh… (Traduction : MOI : - Je plaisantais, bien sûr ! LE FLIC : - Mmmouai...). Je ressens encore la goutte de sueur froide perlant sur ma tempe tandis que je prenais conscience de l’ampleur de ma connerie, et des conséquences possibles sur la (non) suite de notre voyage. On roule… R.: - Mais t’es fou, Médi, tu voulais une fouille approfondie ou quoi ? BARRES DE RIRE !!!  République Tchèque Après avoir traversé la frontière germano-tchèque, nous nous arrêtons pour faire le change afin de récupérer de la monnaie locale. - Ils ne sont pas passés à l’€uro les tchèques ? - Ben non. Nous apprenons en écoutant des touristes qui faisaient la queue derrière nous qu’il fallait acheter une vignette pour avoir le droit d’utiliser le réseau autoroutier tchèque. 1€ = 28 CK. Etant donné que nous ne savions pas comment se nommait la monnaie tchèque, nous l’avons baptisé "Kin Kao". Ne cherchez pas à comprendre, c’est un moyen mnémotechnique. - T’as eu combien de Kin Kaos pour 50€ ? - 1400 Kin Kaos environ. - Ah c’est bien, t’as fait une bonne affaire. - Ouai mais la vignette nous a coûté 200 Kin Kaos. Elle est valable quinze jours. - Quoi ? 200 Kin Kaos ??? C’est quoi cette arnaque ? - Attends, ça fait dans les … 7€. - Oh ! Ci tri boune affaire ! - Tu te mets à parler le tchèque toi, maintenant ?  En fin d’après-midi, nous rentrons enfin dans la banlieue de Prague. Nous suivons la direction miraculeusement indiquée par un panneau "Sunny Camping". Une fois arrivés, et après nous être renseignés sur les prix auprès de la charmante hôtesse d’accueil, nous installons la tente Quechua deux places qui se déplie instantanément. Ça y est, nous avions pris nos marques et nos aises ! Après une bonne douche et un relookage, nous étions prêts à partir à l’assaut de Prague ! On nous conseille d’aller à Mustek, en centre-ville. Ainsi commence notre séjour dans la capitale du Saint Empire romain germanique. Inutile de vous raconter à quel point la ville de Prague est belle. Et pour vous dire franchement, nous ne nous sommes pas (du tout) attardés sur l’architecture et les lieux culturels. Il n’en reste pas moins que j’en garde un très bon souvenir visuel. Un autre souvenir marquant est cet épisode qui restera culte dans nos mémoires, et dans lequel nous nous confrontons pour la première fois à la police tchèque. Certains considèrent connaitre un pays en visitant les lieux touristiques. En ce qui me concerne, c’est, entre autres, en se faisant arrêter par la police ! En tous cas, ça y contribue. Mais ce n’est pas pour autant que j’en éprouve du plaisir. Nous étions en route vers Karlovy Lázně, la plus grande discothèque d’Europe centrale, accolée au célèbre Karlův most (pont Charles). Avec ses cinq ambiances musicales différentes sur cinq étages et la réputation dont on nous en avait fait part concernant la gente féminine qu’on pouvait y rencontrer, nous étions presque sûrs de passer une agréable soirée. Nous suivions les indications du GPS. Ou plutôt je transmettais à R. les indications que je lisais sur le GPS. A quelques centaines de mètres de notre destination, sur la rue Masarykovo nábřeží qui longe la Vltava par l’Est, le GPS nous préconisait d’aller tout droit, en suivant la ligne de tramway. Croyant que la rue était réservée exclusivement au tramway, R. décide brusquement de prendre une rue à droite. C’est là qu’un jeune agent de police nous fait signe de nous ranger, au niveau du Narodni divadlo (Théâtre National). Mmmhhh_Problem Il fait les contrôles d’usage, puis nous signale dans un anglais claudiquant que nous venions de prendre une rue en sens interdit. Notre surprise était d’autant plus grande qu’un flot incessant de voitures se poursuivait. Nous ne manquons évidemment pas de lui faire remarquer, et il nous répond d’une voix vacillante que cette voie est réservée aux taxis. Ce qui semblait a priori vrai. Enhardi par notre perplexité, il nous annonce que nous allons devoir payer immédiatement une amende. Je lui demande naïvement à combien s’élève cette amende, et me réponds en crayonnant sur un bout de papier pour s’assurer d’être bien compris : - Maximum two thousands, and minimum one thousand ! (Traduisez : “maximum 2000 Kin Kaos, et minimum 1000 Kin Kaos !”) Ça sentait l’extorsion de fonds à plein nez ! A partir de cet instant j’étais déterminé à ne rien lâcher, et je dis à R., en français : - Il veut nous karna (arnaquer), y’a pas moyen que je paie ! Alors nous lui disons que nous n’avons pas d’argent sur nous (ce qui était d’ailleurs vrai, étant donné que nous fonctionnions en flux tendu permanent en matière financière !). C’est là qu’il nous répond par cette réplique que nous nous plairons à répéter à chaque petite complication rencontrée lors de la suite de notre périple : - Mmmmhhh Problem ! (Avec l’accent de l’Est) Devant notre regard hagard, il ne trouvait rien d’autre à dire que : - Mmmmhhh Problem ! Ce à quoi je répondais en français : - Ben ouai, problème. Pendant les 120 secondes de la scène surréaliste qui suivit, aucun autre mot ne fut prononcé à part : - Mmmmhhh Problem ! - Ben ouai, problème. 120 secondes, c’est long. Surtout quand le dialogue se résume principalement à une baston de regards et des hochements de têtes : horizontaux pour lui, et verticaux pour nous. À court d’arguments, et face à des personnages aussi peu réactifs, il se lassa avant nous. Il finit par se décider à nous tendre nos papiers qu’il s’acharnait à étrangler dans ses mains, puis d’un geste de la tête à la fois timide et dédaigneux, nous fit signe de repartir. Malgré l’obscurité régnante dans la rue, on percevait pendant un long moment une déception cocasse s’agiter dans ses yeux à travers nos rétroviseurs. Alors forcément, on s’est tapé des barres de rire ! - Mmmmhhh Problem ! Après avoir analysé cette scène, et vu le jeune âge de l’agent de police ainsi que son manque d’assurance, j’en ai conclu que c’était certainement la première fois qu’il s’adonnait à la corruption. Espérons que notre refus de payer ait eu pour conséquence de l’empêcher de recommencer. Si c’est le cas, nous ne serions pas passés par Prague pour rien. Peut-être était-ce le rôle que nous avions à jouer dans cette ville ? Quoi qu’il en soit, ce petit incident ne nous a pas empêchés de nous rendre au Karlovy Lázně, et de passer une bonne soirée.  On roule, on roule vers le Sud-est en direction de la Slovaquie quand R. me fait la remarque suivante : - T’as pas remarqué un truc ? On n’a pas croisé un seul motard depuis qu’on est partis. Et c’est vrai que depuis notre départ, nous n’avions rencontré aucune moto sur notre route. - C’est un pays pauvre, ils ne sont pas encore dans le délire moto, pfffff ! C’est soudain que nous distinguons un groupe de cinq ou six personnes attroupées sur un pont au-dessus de l’autoroute, sans trop y faire attention. Le pont suivant était également l’objet d’un rassemblement. Et, de pont en pont, les attroupements étaient de plus en plus importants. C’est au bout du quatrième ou du cinquième pont, sur lequel étaient juchés une vingtaine de badauds, dont quatre attablés qui semblaient pique-niquer, que R. me fit l’observation pertinente suivante : - Ici, leur passe-temps du dimanche, c’est de regarder les voitures passer sous les ponts. - Ah ouai ! Ils n’ont que ça à foutre, ah, ah ! Au même moment, nous nous faisons doubler par une troupe constituée d’une demi-douzaine de motos ! Et puis, sur la voie d’en face, c’est un interminable cortège de motards qui défile devant nous. Nous étions soudainement envahis par une meute de deux-roues accompagnée d’un vacarme qui nous a d’abord surpris, puis émerveillés, et enfin agacés. - Tu disais quoi sur les motos ? - Non rien. Quelques kilomètres plus tard, sur notre gauche, apparaît un immense camping sauvage étalé sur un flanc de colline. Nous venions de comprendre qu’il s’agissait d’un rassemblement de motards venus de toute l’Europe. Respectant notre idéologie d’improvisation, nous avons émis l’idée d’aller voir de plus près cet évènement. Après concertation et une trop longue hésitation, nous avons raté la sortie qui y menait. Plus tard, j’ai appris qu’ils étaient là dans le cadre du Grand Prix de Moto de la République Tchèque, qui se déroulait ce Dimanche 20 Août sur le circuit de Brno.  Pour info : la monnaie tchèque s’appelle "korun českých", dont la traduction est "Couronne Tchèque", et "Kin Kao" ça veut dire "Manger du riz" en thaïlandais. Monnaie_Tche_que  Slovaquie Nous étions à peine en fin d’après-midi quand nous avons traversé la récente frontière séparant la République Tchèque de la Slovaquie. Pourtant, le ciel s’était tellement couvert que la nuit commençait déjà à tomber. Très vite, des gouttes de pluie se mirent à venir s’écraser sur le pare-brise. La visibilité quasi-nulle, les torrents d’eau qui s’abattirent sur la chaussée, les sillons formés sur la route par le passage des camions et le manque d’entretien de la voirie, ajoutés à l’absence d’adhérence du pneu avant-gauche lisse de la Clio, rendaient cette portion du voyage relativement incertaine. Après nous être accoutumés au phénomène d’aquaplaning, les embouteillages inhérents à la proximité de la ville de Bratislava nous permirent de ralentir et de nous rassurer. La grisaille et la pluie ne faisaient qu’accroître l’aspect austère de la métropole. Moins de 200 kilomètres nous séparaient de Budapest. - Cette ville, je ne la sens pas. - Moi non plus. Et c’est ainsi que nous avons contourné Bratislava jusqu’à la frontière hongroise. A côté de quelles aventures, quelles rencontres, et quelles embrouilles sommes-nous ainsi passés ? La force du vent sur la carrosserie de la voiture et les grondements d’orage qui nous suivaient de près étaient loin de nous consoler.  Hongrie On dit souvent que la première impression est toujours la bonne. C’est possible. En tous les cas, la première impression que j’ai eue de la ville de Budapest, dite "la perle du Danube", est plutôt médiocre. C’était un dimanche soir. Les rues étaient boueuses, les gens présentaient une attitude triste et fatiguée. Nous avons passé presque deux heures dans les bouchons avant de trouver une place. Une fois redevenus piétons, les personnes que nous apostrophions pour demander un renseignement ne nous répondaient presque pas. Après nous être habitués au contact relativement facile des praguoises, nous nous étions crus à Paris pendant un moment ! Au bout de plusieurs tentatives infructueuses, une jeune fille s’arrête gentiment : - Please, May I ask you for something ? - Yes ? - What is the place to be in Budapest to have fun this night ? - Everything is closed this night. It is a tragedy. (Traduction : - Je peux te demander un truc ? - Oui ? - Qu’est-ce qui bouge à Budapest ce soir ? - Tout est fermé. C’est une tragédie.) C’est sèchement qu’elle formule cette dernière phrase, avant de poursuivre son chemin d’une allure soutenue, comme si elle était en retard pour son travail. Le changement d’expression sur son visage me donna l’impression que notre question lui paraissait déplacée. Et de quelle tragédie elle parle, celle-là ? - Elle est bizarre cette ville. C’est en continuant à marcher dans les rues que j’ai commencé à me dire qu’il s’était passé quelque chose de singulier à Budapest ce jour-là. De nombreux arbres étaient juchés par terre. Des sirènes de pompiers hurlaient de toutes parts. Les monuments n’étaient pas éclairés comme il est d’usage dans les capitales européennes. La perle ne brillait pas ce soir-là. Le Danube semblait être sorti de son lit. Il était l’heure d’aller se coucher pour les budapestois, pourtant on dirait que la ville était en train de se réveiller après une nuit catastrophique. Nous enjambons le Danube par le pont Elizabeth, où des agents de la propreté s’affairaient à le nettoyer au karcher en dépit de l’heure tardive. Le sol était parsemé d’une soupe de papiers et de cartons rougeâtres imbibés d’eau qui faisait extraordinairement penser à des flaques de sang. Plus loin, une longue série de batteries pyrotechniques usagées gisaient là, sur le côté, comme des cadavres sur un champ après une bataille. Un énorme feu d’artifice venait d’être tiré plus tôt dans la soirée, ce qui expliquait les cartons rouges. Malgré l’esprit toujours jovial qui nous accompagnait, la traversée de ce pont fut marquée d’un malaise mystérieux et indescriptible. Toute l’histoire nous a été racontée autour d’un verre dans un des rares bars lounge encore ouverts ce soir-là. Ce 20 Août 2006, la Hongrie fêtait la St-Etienne, en hommage au fondateur de l’état chrétien hongrois en l’an 1000. Dans un pays fortement imprégné de catholicisme, cette célébration est souvent plus importante pour les hongrois que la fête nationale du 23 Octobre, en souvenir de la révolution hongroise de 1956. Des centaines de milliers de personnes s’étaient réunies aux bords du fleuve et sur les ponts pour assister aux feux d’artifice organisés par la municipalité. C’est au milieu des réjouissances que (fait rarissime en Hongrie), une rafale de vents violents d’une centaine de kilomètres par heure s’abat sur la ville. Le Danube s’agite. Des bateaux se heurtent et se fracassent. Des tuiles tombent, et des arbres se déracinent, dont un qui s’effondre sur plusieurs personnes. Un mouvement de panique s’amorce dans le public. L’évacuation précipitée et désorganisée des spectateurs massés sur les ponts provoque des bousculades, et des personnes sont violemment piétinées dans un fracas de cris. C’était bien des flaques se sang. - Y’a rien à faire ici, je crois. - On démarre. Direction Zagreb.  On roule, on roule … Nous n’avions plus de monnaie hongroise (flux tendu !). Pour éviter de refaire du change, notre objectif était de parcourir les 200 kilomètres qui nous séparaient de la frontière croate avec le quart du réservoir d’une Clio diesel. Nos savants calculs pour estimer nos chances d’y parvenir ne nous convainquirent pas : - La dernière fois qu’on est passés à la pompe, c’était à Prague. Le réservoir était au niveau du huitième trait. Depuis on a fait plus de 500 kilomètres. Maintenant le réservoir est au niveau du quatrième trait. Donc on les fait largement tes 200 kilomètres. - Ouai mais je crois que l’affichage n’est pas proportionnel. … - Prends la nationale, comme ça on roulera moins vite pour économiser. Le sommeil eut raison de nous approximativement entre le premier et le deuxième trait, sur le bord du lac Balaton, station balnéaire huppée. La Hongrie n’ayant aucun accès à la mer, cette gigantesque étendue d’eau douce d’une superficie de 600km2 (la plus grande d’Europe), fait office de lieu de villégiature privilégié. (A Suivre ...) (Voir Album Photo)
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